jeudi 28 octobre 2010

Lettre commune

Voici la lettre commune, signée comme la pétition par la plupart des élèves de l'école, adressée à M. Robert Herrmann, adjoint au maire de Strasbourg et employeur des Techniciens d'Enseignement Artistique.
Cette lettre a été remise, ainsi qu'un dossier d'environ 200 lettres d'étudiants, lors d'une manifestation jusqu'à la CUS jeudi 21 octobre.



M.Herrmann,

Nous nous permettons de vous adresser ce dossier de lettres d'étudiants de l'ESADS au sujet du problème des techniciens, ainsi qu'un ensemble de commentaires laissés sur le site créé pour cette cause.
Nous exprimons par ces témoignages l'ampleur des conséquences qu'amène la reprise du contrat initial des TEA. Vous pourrez ainsi constater que ce problème est une gêne sans précédent pour les étudiants de toute l'école.


En effet, par les initiations techniques qui ont été mises en place durant ces trois dernières années, nous avons été en mesure de réaliser la plupart de nos travaux dans des conditions proches du professionnalisme.

Ces nouveaux cours ont permis l'ouverture d'un échange entre techniciens et élèves et entre les différentes sections de l'école; échange qui était auparavant quasi inexistant mais qui s'est vite rendu indispensable.
Beaucoup d'étudiants passant le plus clair de leur temps dans les ateliers, ces lieux sont devenus le premier centre d'échange et de transversalité de l'école. Nous pouvons nous rencontrer, mais également découvrir le travail de la plupart des élèves dans ces salles.
D'autre part, se faisant à partir de la 1ère année, ce temps d'apprentissage a redonné un statut aux promotions arrivant en début de cursus, leur permettant une liberté de création sans précédent, et a amené une égalité certaine dans l'école entre les différentes années.
Les personnes découvrant aujourd'hui cet environnement ont clairement le sentiment d'être lésés, car c'est effectivement le cas. De plus, la majorité, vous n'êtes pas sans le savoir, tient à rentrer dans cette école en raison de la qualité des ateliers.
Ce sentiment, s'ajoutant aux guerres intestines qui se déroulent dans l'équipe professorale, est un facteur réel d'instabilité.

Grâce à eux, nous avons pu acquérir dès la première année une autonomie nécessaire nous permettant d'utiliser les ateliers avec efficacité et rapidité.
En effet, initiés à différentes techniques, les élèves peuvent se concentrer sur le développement des idées directrices de leurs travaux, et en parler avec ces personnes qui nous apportent un suivi et un soutien quotidien. Nous bénéficions par cet appui d'un regard extérieur sur nos projets, complémentaire à celui des professeurs; ces derniers sont d'autre part déchargés et plus à même de nous amener références et réflexion.
Le fait qu'un représentant soit en permanence dans chaque atelier permet un système de relais indispensable pour la transmission des savoirs.
Notons par rapport à cela que les TEA ne demandent pas un statut de professeur, mais simplement une position qui leur permettrait d'organiser des enseignements reconnus en tant que tels. C'est d'ailleurs une force pour eux de ne pas avoir une formation « artistique » au sens strict du terme.
Il s'agit bien d'une collaboration et d'une complementarité.
Ensuite, l'expérience matérielle nourrit le champ conceptuel, sans parler de l'aide évidente que ces acquis amènent lors d'une embauche future.
Un des avantages de cet apprentissage est aussi, de par le gain de temps et la diversité des secteurs abordés, d'encourager l'expérimentation. Or une école d'art est avant tout un centre de recherche. Sans ce temps de test, la plupart des idées n'émergeraient pas.
Il s'agit donc d'un processus qui dépasse largement le cadre de la technique pure.

La collaboration pédagogique mise en place entre professeurs et techniciens a créé une ouverture incroyable, et des possibilités de réalisations immenses tant sur le plan qualitatif que sur le plan de la diffusion.
C'est pour cette logique éducative qu'ils ont su démontrer dans la création de cette formation, en lien direct avec les professeurs, que les techniciens sont plus qu'en droit de demander une révision de leur statut.
Ils devraient d'ailleurs être largement mieux représentés lors des diverses réunions, tels que les bilans, les conseils pédagogiques et administratifs, car ils ont sur les étudiants un avis très important. De par cette relation particulière et ce transfert des savoirs organisés dans les ateliers, ils connaissent personnellement nos attentes et nos enjeux conceptuels.

Nous ne comprenons pas pourquoi l'ESADS soutient aussi peu ce qui fait sa qualité, et sa réputation, ni comment la CUS peut ne pas s'intéresser plus lourdement à ce problème de taille.
Tous ces avantages acquis au fur et à mesure des années ne peuvent pas s'effacer de cette manière, cela représente un retour en arrière pur et simple.
Si l'école a aujourd'hui un tel rayonnement, c'est notamment grâce à la qualité plastique des diplômes présentés chaque année. Sans l'aide des ateliers et de leurs techniciens, la réalisation de ces projets n'aurait pas pu accéder au statut d'œuvre (dont les droits appartiennent à l'ESADS).
Maintenant que ces enseignements ne nous sont plus dispensés, nous nous rendrons tristement compte de la baisse vertigineuse de l'acquis des compétences. La réputation forgée par l'école s'en ressentira lors des prochains diplômes et de ses futures promotions.
Il est évident que ce phénomène sera problématique pour toutes les parties concernées.

Par ailleurs, comme vous le savez, ces difficultés arrivent juste avant un changement radical de l'ESADS, à savoir son passage à l'EPCC.
Ces modifications fragiliseront obligatoirement cette structure, aussi imposante soit-elle. Comment est-il possible de les aborder dans un tel contexte de conflit et d'instabilité ?
Ainsi même si le problème des TEA ne représente qu'un détail dans cet engrenage gigantesque, il conditionne visiblement tout le déroulement de ce processus, de par l'importance qu'il a aujourd'hui dans l'école.
D'autant plus que nous savons que si aucune révision supérieure de statut ne se produit, les TEA passeront TA, ce qui est largement pire et risque de marquer le premier pas vers le glissement périlleux de l'ESADS. Vous ne pouvez laisser cela se produire. Nous aimerions voir un changement du statut de TEA en AEA, et ce sans aucune restriction de budget sur d'autres secteurs.

C'est pourquoi nous nous permettons aujourd'hui de souligner le caractère d'urgence de cette situation, que nous avons par ailleurs déjà signalé à la presse.
Nous ne sommes plus aptes à produire des résultats concluants, et des rumeurs se font déjà entendre quant à une grève du corps étudiant, et à une vague de démission.
Nous sommes également conscients que la révision de statut demandée doit impérativement être effective avant le 31 décembre, et nous aimerions ne pas avoir à attendre cette date pour constater la résolution de ce problème qui anesthésie toute l'école.
Nous vous demandons donc, par la présente lettre, de concentrer vos efforts sur ce sujet, porté clairement à votre connaissance.


Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de nos sentiments distingués,

Les étudiants de l'ESADS.





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